Groupe de service public, France Télévisions était attendue au tournant des élections européennes du 25 mai, un scrutin traditionnellement victime du manque de motivation de la part des partis nationaux et d'un déficit de compréhension des enjeux de la part des électeurs.
Dans un communiqué de presse publié le 29 avril, le groupe assure que la couverture de la campagne et du vote par ses chaînes, en particulier France 2 et France 3 sera "d'ampleur inédite". En effet, France 2 consacrera deux prime times aux questions européennes et France 3 proposera un grand débat dans chacune des sept circonscriptions françaises. Et les deux chaînes diffuseront des soirées spéciales le 25 mai.
Deux bémols viennent pourtant fausser cette partition. Le premier est que France 2 semble avoir choisi la voie du sensationnalisme en laissant courir l'information selon laquelle Dominique Strauss-Kahn participera à un débat sur l'euro le 15 mai. Ce débat suivra la diffusion du Roman de l'euro, un documentaire inédit dans lequel DSK est interviewé. S'il était confirmé qu'à un éclairage légitime de la part de l'ancien directeur du FMI, France 2 ajoute le grand retour médiatique de DSK, la chaîne prendrait le risque de ne faire de sa soirée sur l'Europe qu'un prétexte à l'audimat.
Le second bémol est que ce 15 mai, à l'heure où sera diffusé ce documentaire, se tiendra le grand débat entre les candidats à la présidence de la Commission européenne, les têtes de listes des principaux partis au Parlement européen. Le débat ne sera diffusé qu'en streaming sur francetv.fr, le site de France Télévisions, et sera suivi d'un Soir 3 qui "rendra compte des temps forts".
Imagine-t-on France Télévisions ne pas diffuser un débat entre candidats à la présidentielle ou aux législatives françaises ? Cette décision de ne pas diffuser en prime time cet exercice inédit est d'ailleurs qualifiée de "censure" par une pétition signée par une trentaine de candidats de droite, de gauche et du centre, ainsi que par des personnalités de la société civile.
Même si "France Télé" n'est pas le seul média public en Europe à ne pas vouloir tenter l'expérience d'un débat entre des responsables politiques mal identifiés par les citoyens et reposant sur la traduction, cela ressemble à une occasion manquée.